Le Walo révèle ses Trésors Agricoles : Le Parcours Inspirant de Khoury Gaye

Thiagar, Sénégal – Sous un soleil brûlant, un groupe de femmes cueille du gombo dans un périmètre maraîcher situé à proximité d’un champ de riz. Leurs rires éclatants, accompagnés des chants des oiseaux, témoignent de leur satisfaction quant à la récolte du jour. Au sein de ce groupe d’agricultrices se distingue Khoury Gaye, une femme d’une cinquantaine d’années vêtue d’un voile orange et d’un t-shirt blanc à pois gris. Dans sa main droite se trouve un seau rempli de gombo, qu’elle s’apprête à vendre à un acheteur posté à l’entrée du champ.

Cette vaillante femme réside à Thiagar, une commune située dans la région historique du Walo, près de la frontière mauritanienne, considérée comme le grenier du Delta du fleuve Sénégal. En effet, cette localité bénéficie d’un potentiel agricole insoupçonné avec des terres fertiles et un réseau hydrographique dense, faisant de l’agriculture l’activité économique phare. Pour Khoury Gaye, l’agriculture est une affaire familiale, héritée de ses parents qui lui ont transmis tous les secrets de la culture de la terre dès son plus jeune âge. “Je me suis passionnée pour l’agriculture à l’âge de quinze ans, et depuis lors, j’évolue dans ce secteur”, déclare-t-elle.

Impliquée dans toute la chaîne de valeur de la riziculture, Khoury se décrit comme agricultrice, productrice et transformatrice de riz. Parallèlement, elle pratique le maraîchage en cultivant des produits tels que le gombo, les tomates et les concombres. “J’ai consacré ma vie à l’agriculture, et je ne me limite à aucun type de produits que je cultive”, précise-t-elle avec un sourire aux lèvres.

Bien rodée dans ses activités, elle commence par commercialiser du riz paddy qu’elle cultive, le vendant à 10 000 francs CFA le sac de cent kilogrammes. Rapidement, elle réalise la nécessité de relever le défi de la transformation du riz pour augmenter ses revenus. Ainsi, avec les membres du Groupement d’Intérêt Économique (GIE) “Takku Liguey” de Khor, composé de 300 femmes, elles décident de transformer le riz paddy qu’elles produisent. “Nous avons commencé à transformer le riz que nous cultivons en 2013. Au début, nous nous organisions en groupes et sous-groupes pour décortiquer le riz chez des prestataires privés. C’est plus tard que nous avons pu établir notre propre unité de production.”

Cet investissement a rendu leurs activités rentables, leur permettant de subvenir aux besoins de leurs familles. “Avec ce que nous gagnons, nous participons activement à la prise en charge des dépenses au sein de nos foyers. Certaines d’entre nous ont même pu acheter des chaises roulantes pour leurs enfants handicapés”, déclare Khoury Gueye.

Cependant, les agricultrices de Thiagar font face à plusieurs défis qui entravent parfois leur productivité. « Les principales difficultés auxquelles nous sommes confrontées sont liées à la salinité des sols et au manque de moyens efficaces de drainage de l’eau, réduisant ainsi la superficie des terres arables dans une zone à fort potentiel agricole. Nous cultivons actuellement 64 hectares pour une production de 5120 sacs de riz par an, mais nous pourrions faire beaucoup plus si nous avions accès à des terres arables.”

Les conséquences de cette situation sont particulièrement prononcées chez les femmes, dans un Sénégal où seulement une femme sur sept a eu accès à la terre agricole lors de la campagne agricole 2018-2019, soit 15,2%, selon la Direction de l’Analyse et de la Prévention des Statistiques (DAPSA).

Actuellement, Khoury Gueye a l’opportunité d’exposer ses produits sur la plateforme digitale de vente “Buy from Women”, développée par ONU Femmes pour faciliter l’accès des femmes au marché. “Je suis tellement heureuse d’avoir la possibilité d’exposer mes produits sur Buy from Women. Cette plateforme nous permettra d’atteindre des clients éloignés de nos zones de production, pour leur faire découvrir et apprécier le riz que nous commercialisons”, déclare-t-elle. Khoury Gueye est convaincue de la qualité du riz qu’elle propose : “Le riz que nous commercialisons est goûteux et excellent pour la santé.”

Très optimiste quant à la participation active des femmes à l’atteinte de l’autosuffisance en riz au Sénégal, Khoury souhaite que davantage d’opportunités soient offertes aux jeunes de la région, afin qu’ils puissent également s’épanouir au sein de leurs communautés.

Cette histoire a été rédigée par Abdoulaye Mamadou SOUKOUNA, Chargé de Communication & de Gestion des Connaissances, abdoulaye.soukouna@unwomen.org, +221777682781.

Crédit photos : Jean Baptiste DIOUF, 2023, ONU Femmes Sénégal.

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